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vendredi 18 octobre 2019 à 20h30

Vendredi 18 octobre: Touchez pas au Grisbi de Jacques Beker au foyer de Juzet à 20h30

Ce film est un véritable classique du film noir français sur le « milieu », mis à la mode par les romans d'Albert Simonin, publiés dans la célèbre Série Noire des éditions Gallimard. Un film qui dépoussière le vieux polar tragique au ton mélo pour en faire un grand film noir pouvant faire jeu égal avec ses homologues américains, mais en évitant certains codes et clichés. Déjà, Simonin avait mis en lumière une mythologie du truand français avec le côté pittoresque du milieu, une sorte de folklore où le langage argotique par sa crudité savoureuse et ses effets, faisait sourire le lecteur. Mais Jacques Becker balaye l'anecdotique et se concentre sur les rapports humains, filmant l'amitié virile, le vieillissement, la désillusion, l'intimité, en posant les bases d'un cinéma noir français que l'on verra ensuite dans d'autres films. Il fait ressortir la vérité humaine des personnages qui chez Simonin étaient des stéréotypes, il montre comment s'organisent les coups en marge de la loi, présente des truands fatigués et désireux de mener une vie rangée.

A ce compte-là, Touchez pas au grisbi est moins un film d'action qu'une définition d'univers social, car le fond du sujet ( un dernier casse avant de se retirer ) n'a rien de particulièrement original. Ce qui compte, c'est l'analyse du monde des truands : on ressent de la sympathie pour Max ou Riton même si ce sont avant tout des gangsters, des trafiquants de drogue capables des pires violences comme le prouve la fin du film. Mais ce portrait dressé par Becker est tellement humain qu'on en vient à souhaiter qu'ils s'en sortent.

Le film a relancé non seulement Jean Gabin, la plus grande vedette masculine des années 30, mais a également fait brillamment entrer l'acteur dans la seconde phase de sa carrière. La première image du film le voit aller au juke-box pour faire succéder le thème musical du film à l'Ave Maria de Schubert chanté par Tino Rossi - comme si c'était Gabin lui-même qui venait de tourner la page des années 30 pour entrer dans celle des années 50. Le film joue totalement sur le vieillissement du personnage, lassé de la vie qu'il mène, mais aussi sur celui de l'acteur mythique qui l' incarne. Et de se dire que Max le héros de Touchez pas au grisbi, n'est autre que Pépé le Moko avec 20 ans de plus.

Pour Gabin, c'était un second souffle; son éloignement des plateaux pour cause de guerre héroïque lui avait fait perdre la faveur du public, et c'est avec ce film qu'il voit sa carrière relancée, grâce au personnage de Max, au jeu très sobre et naturel, montrant une certaine élégance dans l'honneur au sein du milieu. Ce rôle conditionne la plupart de ceux qu'il va tenir dans les années qui vont suivre. A ses côtés, débutait un ancien catcheur qui se risquait pour la première fois au métier d'acteur : Angelo Borrini qui deviendra bien vite Lino Ventura et qui déjà à 34 ans, faisait preuve d'une étonnante sûreté de jeu et d'une présence charismatique face à Gabin.

L'histoire a retenu à juste titre que le film a aussi permis de découvrir la toute jeune Jeanne Moreau. Et dans le rôle de Marinette, la compagne de Pierrot (Paul Frankeur) qui gère en père tranquille son cabaret, on trouve Gaby Basset, la première femme de Jean Gabin.

Ajoutons enfin la musique de Jean Wiener avec son thème lancinant et mélancolique joué à l'harmonica, et nous avons là une perle du polar français, à l'ambiance si caractéristique.

Présentation par Roger

et moment gourmand partagé en fin de séance.

Source : http://cinevallee.fr/vendredi-18-octobre-touc…